25/04/2025 francesoir.fr  3min #276027

Bayer n'exclut pas de renoncer au glyphosate face à « l'industrie du contentieux »

France-Soir avec AFP

Le chimiste allemand Bayer et propriétaire de la marque Monsento, s'est interrogé vendredi sur le futur de la production de son herbicide controversé à base de glyphosate, toujours ciblé par une avalanche de procès, lors de son assemblée générale annuelle. Une assemblée marquée par la nervosité des actionnaires. Il semblerait une fois de plus que seule la pression sur le porte-monnaie ait un effet dans ce petit monde des actionnaires.

"Nous approchons d'un point où +l'industrie du contentieux+ pourrait nous obliger à cesser de vendre ce produit vital" et "nous devons nous préparer à toutes les éventualités", a souligné Bill Anderson, président du directoire de Bayer, dans un discours.

L'urgence est palpable chez ce géant de l'agrochimie, qui promet depuis plusieurs mois de réduire "significativement" les litiges liés au glyphosate d'ici à la fin 2026. Le lobbying, même à outrance, ne suffit parfois pas, quand la cause est discutable et que le grand public en a conscience.

Depuis le rachat de l'Américain Monsanto en 2018, le groupe de Leverkusen croule sous le poids de procès aux États-Unis liés au Roundup. Le tristement célèbre herbicide à base de glyphosate produit par sa filiale est accusé d'être cancérigène.

Bayer a déjà dû s'acquitter de 11 milliards de dollars pour régler à l'amiable plus de 100.000 procès, tandis que 67.000 sont toujours pendants devant la justice.

Pour en sortir, le groupe mise sur une décision de la Cour suprême des États-Unis, saisie début avril d'un recours lié au glyphosate.

Cependant, pour se donner une "marge de manœuvre" et afin de contenir les litiges, Bayer demande vendredi à ses actionnaires d'approuver une augmentation de capital allant jusqu'à 35 %.

Annoncée début mars, cette proposition avait mal été reçue par les investisseurs à la Bourse de Francfort, alors que l'action était déjà mal en point. Le titre a reculé de moitié depuis l'arrivée de Bill Anderson à la tête de Bayer en juin 2023. La pression monte et Bayer subit.

"Les enjeux sont vraiment importants, pour nous et pour les agriculteurs américains", a insisté le patron américain, se félicitant de succès juridiques récents dans les États de Géorgie et de Dakota du Nord, faisant une fois de plus fi de toutes les études on ne peut plus alarmantes quant à la dangerosité de son produit.

Le glyphosate "pèse considérablement" sur la marge de la division agrochimie de Bayer, sans compter la concurrence croissance sur ce segment, assurait le PDG dans une interview au Handelsblatt mi-avril.

Depuis deux ans en poste, Bill Anderson fait face à l'hostilité croissante des actionnaires, comme le fonds d'investissement Deka, alors que son contrat court jusqu'en 2026.

"Le bilan de votre mandat est désastreux" et Bayer se trouve dans une "impasse stratégique", a déclaré Ingo Speich, représentant du fonds Deka, lors de l'assemblée tenue en mode virtuel.

Il est toujours intéressant de voir ce petit monde fort cupide se déchirer lorsqu'il s'agit d'intérêts.

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